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La polarisante question du transport collectif dans la capitale nationale

durée 16 juin 2024 | 16h12
Pierre Lachaîne
duréeTemps de lecture 3 minutes
Par
Pierre Lachaîne

La polarisante question du transport collectif dans la capitale nationale

 

Qu’on le veuille ou non nous sommes encore dans la civilisation de l’automobile en Amérique du Nord. L’humain dans le petit univers de sa voiture demeure un être extrêmement conformiste. La climatisation durant la saison estivale ou le chauffage en d’autres occasions, sa musique préférée ou la chaîne de radio de son choix, le conducteur est à l’abri. Il n’a de compte à rendre à personne à condition de respecter le code de la route et les règlements municipaux. Pourtant les avertissements des experts sont on ne peut plus clairs. Nous avons le choix. Nous cessons d’employer les combustibles fossiles et peut-être que la situation des changements climatiques ira en s’améliorant ou nous continuons à conduire nos voitures adorées en réclamant toujours plus de liens autoroutiers et boum les feux de forêts, les inondations, les vents et les tornades et bye bye la vie.

 

Nous ne sommes pas les seuls à faire face à ce genre de débats polarisants. Rappelons-nous en France, il y a quelques années, le gouvernement français avait imposé une surtaxe sur le combustible diesel que l’on appelle gasoil en France. Cette surtaxe fut l’élément déclencheur du mouvement des gilets jaunes. Convaincre les humains de la nécessité d’opérer des changements de comportement est une tâche titanesque. Plusieurs intervenants blâment les caquistes pour les incohérences commises en matière de transport et de mobilité durable. Il est vrai que la dernière intervention du premier ministre concernant un troisième pont n’était pas très habile. Mais examinons le contexte plutôt particulier de ces enjeux pour le moins délicats.

 

D’abord, en décembre 2023, le gouvernement Legault décide de retirer le projet de tramway de la ville de Québec pour confier un mandat élargi à CDPQ Infra. Ce mandat consistait à retourner toutes les pierres dans l’épineux dossier du transport et de la mobilité dans la Capitale Nationale. Ce fut un coup de maître de François Legault! Il enlevait temporairement la question du terrain politique pour la remettre entre les mains des experts, urbanistes, démographes, ingénieurs et tutti quanti.

 

Début juin, CDPQ Infra publie son rapport. Dans leur document détaillé, les experts ont retourné 50 ans en arrière. Ils ont épluché tous les documents publiés sur la question, ont rencontré des centaines de groupes liés au dossier. Le résultat n’est pas en faveur des partisans du statu quo et des irréductibles de l’auto solo. Le tramway est décrit comme la colonne vertébrale de l’ensemble du réseau de transport de Québec appuyé par des SRB (service rapide par bus) et des à haut niveau de service (BHNS). Le troisième lien y est rejeté parce que jugé inutile. Au mieux, il permettrait de faire sauver cinq minutes aux automobilistes empruntant les ponts, une peccadille. Voilà une position claire, cohérente et démontrée de façon éloquente par CDPQ Infra.

 

Maintenant où en sommes-nous? Lorsque vous prenez la décision de vous lancer en politique il y a une condition sine qua non, vous devez être élu. Par la suite, si vous désirez poursuivre dans cette voie, vous devrez faire en sorte d’être réélu. Les caquistes sont fermement convaincus que l’abandon du troisième lien leur a fait perdre la circonscription de Jean-Talon. C’est possible voire probable. Plusieurs ministres dont Bernard Drainville et Martine Biron ont mis leur tête en jeu sur cette question. Or, la déconfiture dans Jean-Talon n’est pas de nature à les rassurer.

 

Le constat de ne pas avoir très envie de nous retrouver dans les souliers des politiciens en ce moment semble unanime. Les électeurs, de plus en plus, retournent leur veste pour épouser l’extrême droite. C’est indéniable en Europe, Trump n’est pas très loin de la Maison-Blanche et à moins d’un miracle, nous aurons Poilièvre comme premier ministre au Canada.

 

La transformation des comportements humains est indéniablement une tâche où nous devons disposer d’un immense réservoir de patience. Le problème : nous n’avons plus de temps.

commentairesCommentaires

1

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  • ÉV
    Éliane Vincent
    temps Il y a 6 mois
    Ah, ça oui, on est tous d'accord, il faut agir! Et commence le concert des "Oui, mais..." : Oui, mais mon confort; oui, mais mes vacances; oui, mais moi c'est pas pareil; oui, mais on ne va quand même pas être les seuls à le faire quand les autres, eux autres...
    J'ai toujours la même question quand on me "oui, mais" au moment de poser des gestes concrets de décroissance : "C'est à quelle heure, au juste, qu'on commence à sauver notre peau?" Parce que parti comme c'est là...