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Medway et la privatisation de la santé

durée 20 octobre 2024 | 20h34
Geneviève Malenfant Robichaud
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Geneviève Malenfant Robichaud

Le 9 octobre dernier, sur l’heure du midi, environ 300 membres de l’APTS (Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux) ont manifesté. La marche s’est étendue du parc Blais au futur site du complexe Medway. Pourquoi ? Parce que, des trois étages à usage commercial du projet, une partie a été réservée à un GMF [groupe de médecine familiale] ainsi qu’au CLSC.

Les inquiétudes des manifestantes-manifestants

Le CISSS du Bas-St-Laurent aurait engagé 11 millions sur dix ans en frais locatifs. Le syndicat croit que cet argent aurait été mieux investi dans un établissement appartenant au public, plutôt que de continuer à payer le secteur privé.

« La marchandisation de la santé et des services sociaux, c’est un recul inacceptable pour notre système universel de soins », déclare Simon Dubé, représentant national de l’APTS du Bas-Saint-Laurent. « Le projet Medway détourne les ressources humaines du secteur public vers le privé et met en péril la qualité des services pour l’ensemble de la population, particulièrement les personnes plus vulnérables. »

Plusieurs employés du CLSC sont sceptiques face au déménagement, qui devrait avoir lieu cet hiver. Elles-ils craignent de devoir compétitionner pour les places de stationnement avec les 165 locataires et les usagers des services de santé, rappelant qu’elles-ils doivent souvent transporter du matériel lourd comme des chaises roulantes. L’organisation parlerait pour l’instant de bureaux ouverts et partagés. Le nombre de postes de travail serait insuffisant pour la quantité d’employés, car l’employeur considérerait qu’une large portion du travail se déroule chez les patients-patientes.

Les syndiquées-syndiqués s’inquiètent de possibles difficultés à respecter la confidentialité lors d’appels téléphoniques, d’aménagements inadéquats des postes de travail (chaise ajustée, par exemple) et du stress de devoir toujours changer d’espace de travail. Antoine Pilon, délégué syndical et ergothérapeute au CLSC, déplore que l’employeur n’ait proposé que des casques antibruit. Il s’inquiète de l’effet du déménagement sur la rétention de travailleuses-travailleurs.

Le représentant national, Simon Dubé, affirme que « ce qu’on a vu ailleurs, c’est qu’il y a déjà cinq GMF qui ont été privatisés sous l’égide de projets Medway un peu partout au Québec. » Cette tendance à choisir des options privées pour accueillir les services publics serait en train de devenir une mode dans plusieurs régions du Québec.

La réplique

De son côté, la représentante de Medway se défend d’avoir obtenu le contrat avec le CLSC, prétendant avoir simplement pu répondre aux besoins d’espace et de stationnement de l’appel d’offre. Rappelons toutefois qu’Info-Dimanche a révélé que le groupe avait obtenu des informations privilégiées via la Ville, ce qui leur aurait permis d’ajuster les plans à l’avance…

Selon ses dires, le groupe « est extrêmement préoccupé par l’accès aux soins de première ligne. On en fait une vocation. Les GMF ont une place de choix dans nos immeubles. » Elle explique que la confusion proviendrait du double rôle du promoteur immobilier, qui est également gestionnaire de clinique médicale, incluant du GMF qui s’y installera. Selon Mme Sophie Maltais, le GMF Lafontaine ne souhaite qu’avoir accès à de plus grands locaux afin de recruter plus de médecins. Je laisse aux lecteurs-lectrices le soin de porter un jugement moral sur la conduite de Medway…

Elle nie que la présence de services de santé soit un argument de vente pour les étages avec vue sur le fleuve ou la rivière. Elle ajoute qu’il y aura des logements à prix abordable.

Le porte-parole du CISSS, Gilles Turmel, explique : « On va passer du CLSC actuel, où la majorité des employés ont un bureau, à des espaces collaboratifs. Mais ils auront accès en tout temps à des bureaux indépendants pour des consultations avec des usagers par exemple. Ce qui leur permettra de respecter les règles de confidentialité auxquelles ils sont assujettis. »

Il n’a pu commenter la poursuite par les promoteurs du projet Place Témis dans le dossier de l’attribution du contrat de location.

Quoiqu’en disent ses promoteurs, j’adhère au slogan de la manifestation « Medway, no way! »

Références

Cision, Communiqué de presse de l’APTS, Complexe Santé Rivière-du-Loup du Groupe Medway – L’APTS dit NON à la privatisation en région! Publié le 9 octobre 2024,

Radio-Canada, Ici Bas-St-Laurent, Véronique Duval, 300 membres de l’APTS manifestent à Rivière-du-Loup, publié le 9 octobre 2024, 

Info-Dimanche, Andréanne Lebel, Le CISSS du Bas-Saint-Laurent réagit à la manifestation de l’APTS à Rivière-du-Loup, publié le 10 octobre 2024, Le CISSS du Bas-Saint-Laurent réagit à la manifestation de l’APTS à Rivière-du-Loup (infodimanche.com)

Info-Dimanche, Andréanne Lebel, Complexe santé Rivière-du-Loup - Divulgation d’échanges entre la Ville de Rivière-du-Loup et le CISSS du Bas-Saint-Laurent, publié le 10 mars 2024, Divulgation d’échanges entre la Ville de Rivière-du-Loup et le CISSS du Bas-Saint-Laurent (infodimanche.com)

commentairesCommentaires

2

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  • RC
    Raymond Cadrin
    temps Il y a 2 mois
    Je suis pleinement d'accord avec ton point de vue Geneviève, sur la privatisation des services de santé . Comme travailleur retraité du CLSC, je m’inquiète de la façon dont leurs travailleurs/euses du CSSC auront les conditions favorables pour réaliser leur travail....
    Dans tout ce projet de Medway, on a pu sentir à quelques reprises, certains arrangements pour la concrétisation de ce nouvel immeuble....
  • ÉV
    Éliane Vincent
    temps Il y a 2 mois
    La privatisation du système de santé est en marche, et les usagers sont poussés par la force d'inertie à contribuer au massacre. Quand le temps d'attente est trop long, c'est facile de se dir qu'on va aller au privé, tsé, y sont tellement plus efficaces... S'ils le sont, c'est parce que l'État — mené par des gestionanires plutôt que par des rêveurs de mieux — a abdiqué son rôle d'assurer à tous les soins dont ils ont besoin, préférant la solution facile de déléguer ses responsabilités à ceux qui en tirent profit.